Calamity Jane ? En France, on la connaît surtout par Lucky Luke. Aux Etats-Unis, elle garde son aura de légende — qu’elle contribua largement à entretenir de son vivant. La “vraie” Calamity Jane a une double actualité : la réédition, chez Rivages, des Lettres à sa fille, enrichies d’inédits, et une exposition qui retrace son existence mouvementée.

A l’origine des deux, un jeune réalisateur, Gregory Monro, qui s’est passionné pour l’incroyable personnage après avoir découvert la première édition des Lettres : “J’ai passé trois ans à faire des recherches sur elle, à voyager dans l’Ouest… Je ne suis pas historien, tout ce que j’ai fait est un travail de passionné.”

Un symbole américain

Née Martha Canary vers 1853, orpheline très tôt, livrée à elle-même à douze ans, alcoolique à quinze… “Tout cela l’a rendue rude, explique Gregory, et l’a fait entrer dans le monde des hommes comme si elle était l’un des leurs.” On lui prêta une douzaine de maris, elle n’eut qu’un seul amour : Wild Bill Hicock, avec qui elle eut une fille, Jane. Mais sa vie dissolue l’a contrainte à confier sa fille à un Anglais, James O’Neil, qui la rebaptisa Jean.

Calamity Jane rendit quelques visites à sa fille, sans que celle-ci sache qui était cette dame étrange. En 1941, le jour de la fête des mères, Jean McCormick révéla à la radio qu’elle était sa fille. Pour preuve, elle possédait un vieil album photo, celui dans lequel sa mère lui écrivait des lettres, missives poignantes d’une femme qui regretta toute sa vie de ne pas avoir vu son enfant grandir, tout en donnant des détails sur sa vie : bagarres, parties de poker, campements… et actes de pure générosité.

Gregory Monro a fait l’acquisition de ce précieux album, présent dans l’exposition, essentiel pour appréhender ce personnage complexe et attachant. “Calamity Jane est devenue célèbre parce qu’elle a fait tout ce qui était interdit, remarque Gregory. Porter un pantalon, fumer le cigare, boire avec les hommes dans les saloons, c’était interdit aux femmes par la loi. Elle en a fait, des séjours en prison ! Mais finalement, c’était la première femme libre des Etats-Unis.”

Gregory Monro réalise un documentaire sur son héroïne, et espère pouvoir poursuivre avec un long métrage. Avis aux producteurs...

Exposition jusqu’au 29 avril au musée des Lettres et Manuscrits, 8, rue de Nesle, 75006 Paris. Fermé le lundi. Gregory Monro sera en dédicace ce samedi à 14 h 30.